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affiche de Constantin Belinsky |
« L’intérêt de la Cinémathèque pour le Bis
a même commencé avant les doubles programmes. Je me souviens très bien du cycle
« MANIERISMES » organisé à
la salle du Palais de Tokyo, qui avait
un peu constitué la signature de l’arrivée de Jean-François Rauger, en termes de ligne éditoriale. J’y avais
notamment vu Colorado de Sergio Sollima, que j’avais trouvé absolument
génial, alors que je connaissais surtout les westerns de Leone et quelques-uns
de Corbucci. L’effet que le film a exercé sur tous les spectateurs, y
compris Jean-François, a sûrement ouvert la voie à l’idée de programmer
davantage ce type de cinéma, et de lui consacrer des rendez-vous réguliers.
Pourtant, Colorado était présenté
dans une copie en VF, tronquée, en très mauvais état, mais l’impression qu’il
provoquait restait très forte. […] Il y avait aussi eu une diffusion du Dernier
Face à face sur TF1, sous le titre Il
était une fois en Arizona, et ça avait été une telle découverte que j’ai
entamé une quête de tout ce pan du cinéma auquel on avait alors très peu accès,
sinon grâce à la survivance des dernières salles de quartier ou à ces boutiques
improbables qui bradaient encore des VHS. Bref, les années 90 ont été une
période où j’ai consacré beaucoup de temps, d’intérêt, d’énergie, de curiosité,
à ce qu’on appelle le cinéma bis. Et les soirées de la Cinémathèque,
programmées à l’époque par Christophe Barathon, étaient à cet égard des
rendez-vous incontournables, autour desquels s’est constituée une petite
communauté d’amateurs jeunes ou moins jeunes. Ainsi, s’est créée quelque chose
d’assez nouveau, je pense, dans le paysage cinéphilique de l’époque : on
accordait enfin de l’importance - parfois beaucoup, peut-être trop - à des
films qui avaient en tout cas été méprisés et ignorés pendant très longtemps. »
Voici en exclusivité un extrait du long
entretien qu’Olivier Père a accordé à Gilles Esposito pour le livre de notre
Coffret BIS. Olivier Père, spectateur assidu des séances Bis, a participé
pendant une douzaine d’années à leur programmation. Après avoir été délégué
général de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, il a quitté la Cinémathèque
en 2009 pour devenir directeur artistique du Festival de Locarno. Il est
aujourd’hui à la tête d’Arte France Cinéma. Les spectateurs du Bis lui doivent
d’avoir exhumé des collections Films de la Cinémathèque française un giallo
aussi rare à l’époque que Carole / Les salopes vont en enfer
de Lucio Fulci et d’avoir remis en valeur certains cinéastes anglais comme
Peter Sykes et Roy Ward Baker.
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Tinto Brass et Olivier Père, aux Grands Boulevards, 04/11/2006.
©
Daniel Keryzaouën
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